vendredi 24 juin 2011

Paracha Qora'h - Rabbi Nathan de Breslev

Paracha Qora'h - Rabbi Nathan de Breslev

“Ils s'avancèrent devant Moïse avec deux cent cinquante des enfants d'Israël, princes de la communauté…” (Nombre 16:2)

Comment pouvons-nous comprendre la querelle entre Qora'h et son assemblée ? Après tout, ces princes étaient des personnages importants, d'une grande perspicacité : ne possédaient-ils pas l'Esprit saint ? Ils étaient “des princes de la communauté… des personnages notables” et des responsables du système judiciaire. En particulier, nous devons comprendre l'état d'esprit dans lequel se trouvait Qora'h. Dans tous nos livres saints, il est écrit qu'il était le plus grand des Lévi ; comment a-t-il pu tomber si bas et contester l'autorité de Moché (Moïse) et d'Aharon ?

La réponse à l'énigme de Qora'h est que tout cet épisode correspond à l'idée que même les grands et formidables Tsadiqim possèdent un Yetser Hara', un mauvais penchant. Leur Yetser Hara' est un aspect de “l'ange du Tout-Puissant”, c'est-à-dire des forces spirituelles extrêmement puissantes. Ces puissances s'accompagnent de Din (Jugements stricts) qui sont supposés être adoucis par le Tsadiq.

Ces Tsadiqim doivent utiliser leur savoir dans cette grande bataille contre leur puissant Yetser Hara', même si en réalité, il est saint et pur ! S'ils ne livrent pas bataille, ils doivent faire face à de graves problèmes. S'ils n'adoucissent pas ces Jugements de la façon dont ils doivent, ils causent une grande imperfection qui sera la source d'importantes erreurs de leur part ; ils tomberont d'une façon odieuse et seront les victimes de terribles confusions.

Les effets des erreurs de ce type diffèrent en degrés. Certains Tsadiqim restent vertueux jusqu'au dernier jour de leur vie, en dépit du fait qu'ils ont causé un tort immense. Cependant, d'autres Tsadiqim n'ont pas su traiter comme il le fallait leur puissant Yetser Hara' et par conséquent, celui-ci les a poursuivis. Le résultat de cette poursuite pour ces Tsadiqim est une suite de chutes spirituelles, jusqu'aux niveaux les plus bas : celui où ils nient l'existence même du Tout-Puissant.

Quatre rabbins au Paradis

L'exemple classique qui décrit cette situation est le cas des “quatre [rabbins] qui entrèrent au Paradis.” L'évidence nous force à dire qu'ils étaient des personnages hors du commun : tous n'ont-ils pas mérité d'entre au Paradis ? En dépit de cela, seulement Rabbi 'Aqiva réussit à sortir intact de cette expérience unique. Ben Azzaï et Ben Zoma se “blessèrent” en “jetant un coup d'œil” ; en fin de compte, les deux moururent de cette rencontre d'un autre type.

Malgré cela – et le dommage qu'ils avaient causé – ils restèrent des Tsadiqim jusqu'au jour de leur mort. Cela ne fut pas le cas avec le rabbin qui est resté connu sous le nom de “A'her” (“l'Autre”) ; de fait, il est dit à son propos qu'il finit par se couper entièrement des racines du judaïsme… jusqu'à ce qu'il laisse de côté tout ce que la religion lui avait apporté.

La raison principale de l'erreur d'A'her repose en son incompréhension du concept de l'“ange.” Au Paradis, A'her avait vu l'“ange de l'intérieur” auquel on avait accordé le droit d'écrire les mérites de chaque être humain. La source de l'erreur d'A'her se trouve dans la force de Din (Jugements stricts) que cet ange représentait. De fait, plutôt que de résister à la tentation – et de mettre de côté son propre savoir et sa sagesse – A'her préféra s'en remettre à sa propre réflexion sur le sujet. Cela l'amena à se couper entièrement de ses racines, que D-ieu nous préserve.

L'aspect de Din – associé avec l'ange – avait été dessiné pour être un test pour A'her. Ceci correspond au concept du “monde supérieur” – du Yetser – qui correspond à l'“ange du Tout-Puissant” et à l'aspect de Din des forces puissantes que nous avons mentionnées ci-dessus.

Ceci est l'explication du comportement de Qora'h.

Qora'h était le plus grand des Lévi. Nous savons que la tribu des Lévi possède un aspect de la racine du terrible et saint Din. D'autre part, le Kohen – qui est tout de même un membre de la tribu des Lévi – correspond au concept du 'Hessed (de l'amour de la bonté). C'est pour cette raison qu'Hachem donna les Lévi au Kohen, en guise d'accompagnement, pour le service des sacrifices : afin d'englober le concept de Lévi (Din – Jugement strict) à l'intérieur de celui des Kohen ('Hessed – amour de la bonté). En d'autres termes, il s'agit d'adoucir la force du Din à sa source.

Cette action permet d'adoucir tous les Dinim à leur source et de rectifier l'ensemble des mondes spirituels. À son tour, cela apporte le pardon et l'expiation de tous les péchés. Toutes les transgressions – volontaires ou accidentelles – proviennent du mauvais instinct qui émane du concept de Dinim, lorsque ceux-ci ne sont pas adoucis à leur racine. C'est la raison pour laquelle c'est seulement le Kohen qui pouvait réaliser l'expiation et la rectification que le service du Temple de Jérusalem permettait d'obtenir : le Din devait être adouci à sa racine.

Par conséquent, le Lévi devait accompagner le Kohen en lui étant subordonné et en le servant tout au long du service du Temple, tel qu'il est dit : “Ils vous accompagneront et vous serviront.”

Grâce au fait que le Lévi – dont la racine spirituelle est le Din – se trouve être secondaire au Kohen, en le servant dans le Temple, le Din-Lévi devient contenu dans le 'Hessed-Kohen. De cette façon, le Din du Lévi – la racine du Din – est adouci, ce qui correspond au concept de “l'adoucissement du Din à sa racine,” qui est la principale rectification. Cet “adoucissement” neutralise la force et la puissance du Yetser, qui est enraciné dans le Din, et permet ainsi l'expiation et le pardon des péchés.

L'erreur de Qora'h

Nous pouvons maintenant mieux comprendre l'épisode de Qora'h. Celui-ci était non seulement un Lévi, mais le plus grand de tous ! Il s'ensuit que des Dinim et des forces formidables se trouvaient agrippés à son essence, ce qui correspond à son niveau spirituel particulièrement élevé. De fait, tous les Dinim sont essentiellement très saints et purs, ce qui leur permet d'effectuer l'achèvement et la rectification des mondes spirituels. Cependant, aucun d'entre nous ne doit oublier le besoin d'adoucir les Dinim en les contenant dans le 'Hessed ; en réalité, ceci représente la totalité de notre tâche spirituelle dans ce monde.

Malheureusement, Qora'h oublia cela. En tenant compte de la grandeur de son niveau spirituel – et des Dinim qui l'accompagnaient – Qora'h était censé les adoucir en s'effaçant entièrement devant Aharon le Kohen, l'épitomé du 'Hessed. Cependant, la fierté de Qora'h eut raison de lui, ce qui permit aux Dinim de le piéger. En ratant le test qui lui était présenté, il en arriva à jalouser Aharon et – par conséquent – à rater l'opportunité d'englober son Din à l'intérieur du 'Hessed. Après que son cœur le fit se séparer d'Aharon, des Dinim terribles se levèrent en lui, ce qui fut la cause d'une division encore plus grande entre eux.

Pris dans un cercle vicieux, la division grandissante intensifia les Dinim, ce qui exacerba la division et augmenta encore plus les Dinim.

Les grands Dinim et la force de la racine spirituelle de Qora'h prirent le dessus sur lui – le mettant complètement à terre – ce qui le poussa à se quereller avec ceux qu'avait désigné Hachem, Moché et Aharon, et l'entière Tora. La puissance de ses Dinim qui mirent leur emprise sur ses mauvais désirs lui donna la maîtrise d'influencer d'une façon négative les grands Tsadiqim – qui possédaient l'Esprit saint – les leaders du système judiciaire, princes de la communauté et les décideurs des temps désignés.

Le Yetser Hara' fondamental des personnes dotées d'une grand spiritualité est le concept de la force et des Dinim qu'ils échouent à adoucir. Qora'h – le Lévi enraciné dans le Din – n'a pas mérité d'adoucir le Din. C'est cela qui lui donna la force d'influencer d'une façon négative les leaders d'Israël.

(Adapté de Rabbi Nathan de Breslev, Liqouté Halakhoth, 'Ora'h 'Haïm, Chiloua'h HaQen 4:8)

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