mardi 12 avril 2011

La Pâques juive : un ménage spirituel

(La Brioche – Chardin)


Fêter Pessa'h (la Pâques juive) n'est pas seulement fêter un évènement plusieurs fois millénaires : la sortie d'Égypte du peuple juif. S'il s'agissait de se remémorer une aventure aussi ancienne, il faut avouer que nous aurions énormément de difficulté à nous sentir concernés. Soyons honnêtes : combien d'entre nous pourrions réellement nous sentir excités à l'idée de quelque chose qui s'est passé il y a aussi longtemps ? Pas moi, en tout cas.

Un détail d'importance

Toutes les fêtes juives doivent être considérées comme personnelles. Cela évite les commémorations du style du 14 juillet : personne fête ce qu'il ou elle devrait fêter et l'évènement devient simplement un prétexte à se réunir autour d'un table ou d'un verre. Certes, cela peut être tentant (selon ce qu'il y a à manger ou à boire), mais en agissant de la sorte nous ratons de célébrer ce qui aurait dû l'être.

Pessa'h est la fête des matsoth (les galettes de pain azyme). Pendant la durée de la fête – huit jours – les juifs du monde entier se tiennent éloignés de toutes les pâtes fermentées : pains, gâteaux, biscuits… La particularité des matsoth est d'avoir été faites sans permettre à la pâte de lever. Ceci, pour nous souvenir que le peuple juif n'avait pas eu le temps de laisser lever leur pâte lorsqu'il dut sortir d'Égypte, au beau milieu de la nuit.

Ce détail historique à certes son importance, mais il semble curieux qu'il fasse l'objet d'une interdiction totale et que la présence du 'hametz (levain) dans les maisons juives pendant Pessa'h soit strictement interdite. Un si petit détail pour une si grande affaire !

Notre compréhension change lorsque nous établissons le lien entre le 'hametz et le mauvais penchant. De fait, ce dernier est souvent comparé au 'hametz et à sa façon d'évoluer : de taille minuscule au départ, le levain fait gonfler la pâte au fil du temps. Plus on attend, plus la pâte prend du volume. Le mauvais penchant agit ainsi avec nous : il entre dans notre esprit sous une apparence anodine, sans danger évident. Pourtant, au fils du temps, il prend de plus en plus de place dans notre esprit. Après un certain temps, il a changé entièrement la personne chez qui il s'est installé.

Le mauvais penchant attaque notre émouna (foi) et pour nous vaincre, il se comporte avec beaucoup d'intelligence. Sous son aspect inoffensif, nous baissons la garde et ouvrons grande la porte pour le laisser passer. Une image que nous n'aurions pas dû voir, une parole que nous n'aurions pas dû entendre ou prononcer… Le dégât semble minime, mais pourtant le mal est déjà fait. Encore quelques temps, et c'est cette image qui revient nous hanter à l'heure du coucher, c'est cette parole qui nous fait réfléchir à propos de la véritable valeur d'une tierce personne…

Manger des matsoth pendant la fête de Pâques, c'est dire à D-ieu que nous ne désirons pas faire entrer le levain en nous. Se débarrasser des miettes, c'est affirmer de notre volonté de ne pas laisser gonfler en nous les mauvais comportements, fausses interrogations et autres mauvais traits qui veulent détruire notre émouna.

C'est pour cela que les juifs passent des heures avec leur balai à la main. Pessa'h arrive et ils ne veulent pas être surpris en étant empêtrés dans un levain peu honorable : celui qui nous empêche de nous rapprocher de D-ieu, un peu plus chaque jour.

Je vous souhaite un bon ménage : un balai dans une main et un livre saint dans l'autre.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ai un amis Juif qui faite l'événement comme la plus part d'ailleurs. Je m'interesse beaucoup au judaïsme français, d'ailleurs à chaque fois que je vais chez lui, je lis l'Arche, maintenant je pourrais regarder les articles directement sur le net, c'est une bonne nouvelle pour étendre ma culture !

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