À la question : “Êtes-vous tolérant ?”, la majorité d'entre nous répondrait certainement dans l'affirmative. La raison en est que l'intolérance n'est pas une attitude considérée comme acceptable dans nos sociétés et que cette notion est largement répandue au sein de la population. Pour autant, il n'est pas facile de donner une définition concise et claire de la tolérance.
La conséquence est que nous pouvons faire souvent preuve d'intolérance, en pensant que nous sommes tolérants.
Les débats de société qui occupent le monde contemporain ont souvent rapport avec la tolérance, ou son absence. Si nous voulons réduire notre réflexion à champ d'application plus facile à saisir, il nous suffit de suivre les débats qui ont lieu en France dans un nombre important de domaines : l'immigration, la religion, les droits de l'homme…
Pour y voir plus clair dans les multiples questions que soulèvent ces sujets – et pour savoir si nous sommes tolérants ou pas – je propose de formuler en quelques lignes seulement une définition de la tolérance. Le défi est de taille : des thèses entières sont écrites sur ce sujet et partagent le même objectif. Je ne prétends pas pouvoir faire en quelques lignes ce que d'autres tentent de faire en plusieurs centaines de pages.
Pour autant, il me semble possible d'arriver à une perception satisfaisante du concept de tolérance, sans devoir y consacrer des livres entiers. Avant un tel exercice intellectuel, je me permets de lancer une mise en garde importante : faisons attention à ne pas élaborer une définition de la tolérance qui nous permette de dire – en fin de compte – que nous le sommes, compte tenu de nos positions déjà connues.
En d'autres termes, nous devons réfléchir à la nature véritable de la tolérance et vérifier ensuite si nous le sommes. Trop souvent, je constate que certaines personnes – ou organismes – échafaudent une définition qui leur permet de sauver la face. Cette attitude est malhonnête et regrettable de la part de ceux qui se prétendent nous éclairer de leurs écrits ou de leurs conseils.
Je pense qu'il est préférable de se savoir intolérant et de travailler sur soi pour changer, plutôt que de ne pas vouloir modifier son mode de pensée et avoir la satisfaction de se considérer comme tolérant.
Un monde dichotomique
Avant de formuler une définition précise, disons les écueils qu'il faut éviter. Cela nous permettra d'avancer sans doute à petits pas, mais avec la satisfaction que d'aller dans la bonne direction.
Nous pensons souvent qu'être tolérant, c'est ne pas être intolérant. Afin de bien comprendre cela, voici quelques exemples :
- Une personne de couleur noire est embauchée dans une entreprise et le personnel de cette entreprise n'affiche aucune animosité envers cette personne.
- Une famille arabe loue un appartement dans un immeuble jusque là habité uniquement par des français de souche. Chaque famille accueille cela avec le sourire aux lèvres.
- Lors du passage de l'examen de conduire, un candidat relève que l'inspecteur est un immigré. Pourtant, cela ne pose aucun problème.
Dans toutes ces situations, il est tentant de dire que les personnes ont fait preuve de tolérance. Cela est possible si nous possédons une vision dichotomique du monde et que nous pensons que chaque personne est soit tolérante, soit intolérante. Je pense que ce mode de fonctionnement est simpliste et partant, déficient. Nos sociétés sont trop complexes pour raisonner à la façon d'un jeune enfant qui pense que le monde est soit noir soit blanc.
Selon moi, il est hautement préférable d'insérer un troisième type de caractère entre les deux précédents : celui d'une personne qui n'a fait preuve ni de tolérance, ni d'intolérance. Si nous faisons cela, la situation se présente ainsi : chacun de nos comportements peut être qualifié : 1) de tolérant, 2) de neutre ou 3) d'intolérant.
Dans un prochain article, nous expliquerons les avantages d'un tel système et les raisons pour lesquelles il correspond plus à la réalité que le système dichotomique.
2 commentaires:
Je me souviens d'une lointaine histoire! Quand mon petit frère est rentré à la maternelle, il nous parlais tout le temps d'une petite fille, Camille je crois! Alors mes parents le questionné, c'était assez drôle et mignon, il en faisait avec plaisir le même portrait: très jolie, les cheveux frisés... Cette demoiselle, était la seule petite fille noire de la classe de mon frère et pourtant il n'a jamais mentionné sa couleur de peau que nous avons découvert lorsque nous l'avons plus tard! Je trouve que cette innocence est une forme suprême de tolérance. D'ailleurs le concept de tolérance si bien développé ici vient en réponse à l'intolérance latente de l'être humain c'est triste...
Quelle belle histoire ! Le racisme est une plaie dans le monde, et du point de vue religieux une insulte faite au Créateur : blancs, noirs, jaunes et autres, nous avons tous été faits "à l'image de D-ieu."
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