dimanche 27 mars 2011

Un Bocuse de quatre ans (1)

Un Bocuse de huit ans

Alexandre – quatre ans – marche à vive allure sur le chemin de la maison. Même s'il est habitué à quitter son école en vitesse, il possède aujourd'hui une raison supplémentaire : c'est l'anniversaire de sa maman. Avant que celle-ci rentre de son travail, Alexandre a décidé de lui faire une surprise : un gâteau d'anniversaire dont elle se souviendra !

Bocuse à l'âge de quatre ans

Alexandre sait qu'il a deux heures devant lui pour préparer le gâteau au chocolat dont raffole sa mère. Son jeune âge et le fait qu'il n'a jamais fait de gâteau auparavant ne l'effraient pas : il a totalement confiance en sa volonté de bien faire pour réussir le gâteau du siècle.

De fait, il ne lui faut pas plus de quelques minutes pour mettre le gâteau à cuire dans le four. Certes, le chocolat a été fondu sur le feu – et non au bain-marie – ce qui lui donne un arrière goût de brûlé. Également, les petits morceaux de coquilles d'œuf qui se sont glissés dans la préparation auront l'avantage certain de rendre croquant le gâteau. Cependant, Alexandre est sûr d'une chose : il a mis suffisamment de farine.

Pour cela, il a sans doute été obligé trois paquets – et d'en renverser plus de deux sur le comptoir et sur le carrelage de la cuisine – mais il sait qu'il est parvenu à ce qu'il désirait. Pour finir, la cuisson n'est pas parfaite car Alexandre ignorait le temps de cuisson qu'il fallait au gâteau et il n'a laissé le moule que dix minutes dans le four, de peur de tout faire brûler.

En rentrant chez elle, la maman d'Alexandre a tout d'abord crut qu'un ouragan avait dévasté sa cuisine : jamais elle n'avait vu la pièce dans un tel état. Cependant, lorsqu'elle a aperçu le visage joyeux de son fils – son trophée au chocolat entre les mains – entonner “Joyeux anniversaire maman,” elle a comprit et sa gorge s'est serrée d'émotion. Si Alexandre avait été un peu plus attentif, il aurait même pu apercevoir quelques larmes dans les yeux de sa mère.

En dégustant le gâteau, la maman d'Alexandre n'eut que des félicitations. Sans doute, ce gâteau ne correspondait pas aux critères du guide Michelin pour entrer dans les annales gastronomiques françaises, mais il possédait un goût irremplaçable : celui de l'amour d'un fils pour sa mère.

Chez Bocuse, le vrai

Pour ne pas être en reste, le papa d'Alexandre a invité sa femme – le même soir – à fêter son anniversaire chez le Bocuse local. Le repas a été sublime et lorsque arrive le dessert… la maman d'Alexandre affiche son mécontentement : il manque le caramel sur l'île flottante.

L'ayant fait remarquer au serveur, elle refuse l'île flottante et en demande une autre. Quelques secondes après, une autre île flottante est amenée… sans caramel. S'en est trop pour la maman qui ne mâche pas ses mots contre la direction de l'établissement et qui promet d'écrire une lettre adéquate au guide Michelin.

Comment expliquer cette soudaine sévérité pour la simple absence de caramel et la tolérance pour le champ de bataille laissé dans la cuisine de sa maison ? S'agit-il bien de la même personne ? Que s'est-il passé pour expliquer deux comportements aussi différents ?

La réponse saute aux yeux : la maman d'Alexandre a jugé chaque personne selon son potentiel et les efforts qu'elle a déployés pour parvenir à un résultat précis.

Suite...

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