jeudi 18 octobre 1990

Les juifs et la ville de Kielce, Pologne (3)

Winter in Kielce

(Ceci est le troisième article d'une série à propos des juifs et de la ville de Kielce en pologne. Pour lire le deuxième article, cliquez ici.)

À midi arriva un groupe important estimé à environ 600 à 1 000 travailleurs de l'aciérie Ludwików voisine, dirigée par des militants du PPR ; c'était le début d'une nouvelle phase du pogrom, au cours de laquelle environ 20 juifs furent battus à mort. Un grand nombre d'ouvriers étaient membres de l'ORMO (formation de réserve de la milice civique), armés de barres de fer et au moins d'un pistolet. Ni les chefs de la police militaire et de la police secrète, parmi lesquels il y avait un conseiller militaire soviétique présent sur les lieux, ni les responsables politiques locaux du PPR, ne firent quoi que ce fût pour arrêter les attaques des ouvriers contre les juifs.

Le pogrom s'arrêta finalement à 15 heures environ avec l'arrivée d'une nouvelle unité des forces de sécurité en provenance d'une école de police voisine et envoyée par le colonel Stanislas Kupsza, ainsi que de renforts venus de Varsovie. Après avoir tiré en l'air quelques coups de semonce sur l'ordre du major Kazimierz Konieczny, les troupes rétablirent rapidement l'ordre, on posta des gardes et l’on évacua de l'immeuble tous les juifs, vivants et morts. La violence, toutefois, ne s'arrêta pas immédiatement à Kielce. Pendant leur transport à l'hôpital, des juifs blessés furent battus et dévalisés par des soldats. 

Des trains en transit par la gare principale de Kielce furent fouillés par des civils et des gardes de la SOK pour voir s'il y avait des juifs, avec comme conséquence qu'au moins deux passagers furent jetés hors des trains et tués (30 personnes pourraient bien avoir été tuées de cette manière, du fait que les meurtres dans les trains continuèrent pendant plusieurs mois après le pogrom). Par la suite une foule de civils s'approcha de l'hôpital en exigeant que les juifs blessés leur fussent remis (ce que le personnel de l'hôpital refusa de faire). Ce désordre à grande échelle se termina enfin à Kielce environ neuf heures après son commencement.

Parmi les 42 juifs assassinés (dont des femmes et des enfants), neuf avaient été tués d'un coup de feu, deux exécutés à la baïonnette et les autres avaient été battus ou lapidés à mort. Outre les victimes de la violence dans les trains, deux juifs qui n'habitaient pas dans la rue Planty furent également assassinés (Regina Fisz et son fils de trois semaines, Abram, furent saisis à leur domicile au 15 de la rue Léonarda par un groupe de policiers conduit par Stefan Mazur, qui commencèrent par dévaliser leurs victimes avant de les chasser de la ville ; là, Regina et son bébé furent tués « alors qu'ils tentaient de s'enfuir »).

Coffins of Jews killed in postwar Poland.

Pogrom de Kielce

Il aura fallu attendre – probablement – la mort des coupables du Pogrom de Kielce, pour lire de telles informations dans la presse

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